Quand Dalida rencontre Socrate en 1984 : Une autre histoire du Produit !
Il est un livre que j’affectionne particulièrement : 1984 (de George Orwell). Non que ce soit ma date de naissance, mais simplement parce qu’il était avant-gardiste et désormais plus que jamais dans l’ère du temps.
Si je vous en parle aujourd’hui, c’est qu’une édition Bande Dessinée est sortie en début de cette année, l’occasion de le redécouvrir et d’y trouver comme un parallèle que je souhaite vous partager, pour avis et échange.
Un parallèle entre l’Océania et le monde du Produit en France qui cherche, par tous les moyens, à délimiter les contours du Produit de manière visant non pas à étendre la pensée et la compréhension, mais plutôt à la contraindre à ce qu’une minorité — autoproclamée représentative — souhaite qu’elle soit réduite. (le même principe que la Novlangue)
Voilà que tu te mets à la littérature BullshitMyProduct ? Il te manque déjà les mots pour nous parler de Produit?
Justement, les mots… encore des mots, toujours des mots, les mêmes mots… je ne verse pas que dans les références littéraires mais aussi dans la variété française, car vois-tu cher lecteur, je vais chercher des clés de lecture dans différents domaines et disciplines pour former ma propre pensée, ma propre connaissance.
Je refuse la pensée unique diffusée à coups de marketing et de réseautage, lissée et standardisée par la force des biais de conformité et de confirmation au point qu’elle semble être la seule vérité.
Si même les dieux ont été mis en doute à travers les temps, pourquoi diable ne pourrions-nous pas mettre en doute, ou du moins interroger, ces multiples écrits et autres logorrhées sur le Produit, y compris les nôtres, bien évidemment !
Car nous, disciples indisciplinés et rebelles, avons néanmoins cette certitude partagée avec Socrate : “Tout ce que nous savons, c’est que nous ne savons rien”.
Ce qu’est le Product Management ? Ce qu’est le Produit ? Nous pourrions nous étendre sur moult définitions, mais nous aimerions que vous actionniez votre matière grise et que vous observiez autour de vous ce qui fait sens.
Amateurs de “Discovery” commencez donc par faire votre propre exploration de ce monde.
Qu’est ce que le Produit ?
On vous dit que le produit est relativement jeune? On vous fera croire qu’il existe depuis 5 ans, 10 ans à tout casser en se basant sur “son arrivée en France” et la frénésie qui a été suscitée par l’avènement de toutes ces “méthodologies agiles” dont on ne saura pas dénombrer plus de deux frameworks (et encore!), en vous en listant les cérémonies, rôles et artefacts mais sans en comprendre les principes et fondements.
Voyons donc ! Le produit existe depuis que la Terre est Terre et suit, à quelques agencements près, le même “processus” :
- la recherche ou l’exploration pour comprendre son marché, ses utilisateurs, son écosystème
- l’identification et la définition du problème à résoudre
- la recherche d’idées de solutions et alternatives plausibles
- les premières tentatives (ou prototypes)
- les essais et tests divers et variés
Cherchez un peu: la découverte du feu, l’invention du vélo, la lessive, le shampoing, la dernière recette de mamie quelque soit son nom… Tous des produits… tous avec la même démarche!
Ah mais BullshitMyProduct, que nous chantes-tu là? On est dans le monde du produit numérique.
Et alors? Plus de moyens et plus de facilité pour atteindre plus de monde pour faire votre recherche — et allez demander à vos utilisateurs bon sang!! (“Go Ask Your Customers”, vu que tout est anglicisme dans ce monde merveilleux du Produit), pour tester, mesurer, créer, pivoter, tester, recommencer…
Nous allons y venir au produit numérique si tenté que vous fassiez la différence entre un produit numérique qui est LE produit de l’entreprise, sa proposition de valeur en soi, ou le produit numérique qui sert de support à d’autres activités d’une entreprise dont la proposition de valeur réside ailleurs (quand on fait une app pour un Kebab par exemple, il n’en demeure pas moins que le produit du Kebab est le Kebab qu’il vous vend et ce sera salade tomates oignons pour moi siouplé).
Mais ralentis petit, nous y reviendrons dans un prochain article !
Qu’est ce qu’un Product Manager ?
Si le Produit est à la croisée des utilisateurs, du business et de la technologie — on a compris oui, on va vous parler de produit numérique (step by step comme diraient les NKOTB) — alors le product manager est le rôle, la fonction ou tout simplement la personne qui est à l’intersection de toutes ces disciplines et qui a pour objectif de gérer la production de la valeur d’un bout à l’autre, le déclencheur de ce processus de production étant, souvent — pour ne pas dire toujours — un problème utilisateur.
Et derrière l’utilisateur réside un véritable individu réel, humain, un être vivant avec des émotions et un système de décision complexe mais néanmoins prévisible, qui sait parler et s’exprimer alors encore une fois : allez parler à vos utilisateurs bon sang !!
Voilà pour la piqûre de rappel, mais n’oubliez pas non plus qu’il faut garder en tête les enjeux business de votre entreprise, votre organisation, car ce produit s’inscrit dans sa stratégie économique.
Oui bien sûr qu’il y’a beaucoup de choses à penser, croyiez-vous que vous alliez gérer un produit avec une pirouette, une démarche OKR improvisée, un atelier de story map et une myriade de stories que vous allez engager dans une succession de sprints qui n’ont rien d’itératif ni d’incrémental : “mais on a mis en place toutes les cérémonies même qu’on a un Scrum Master pour 4 équipes…” ben voyons!
Ceux qui “croivent” qu’ils savent ! (on connaît tous Koné)
On caricature à peine, ce que nous vous citons là ce sont des faits et des constats malheureusement répétitifs. Car les “products managers” ou “product Owners”, ces êtres d’appellation d’origine contrôlée par un réseau obscure d’influenceurs du Produit, savent !
En effet, de manière très philosophique, si le savoir est récitation, ils savent, et même très bien, tout ce qu’on leur a appris.
Et on peut faire le choix du savoir, au détriment de la connaissance.
Le savoir est certitude, le savoir est confort, le savoir est acceptation et bénédiction par le réseau, alors que la connaissance est doute, elle est questionnement, compréhension et appropriation. Elle demande du temps, elle demande de déconstruire, désapprendre, recommencer, elle demande de l’humilité, et c’est probablement ce dont nous manquons le plus dans le monde du Produit.
Nous n’avons la prétention de vous transmettre ni savoir, ni connaissance, nous vous exposons des points de vue divergeant probablement de ce qui existe aujourd’hui.
Nous connaissons la valeur et le poids des mots et ceux qui contrôlent les mots, contrôlent les pensées et s’évitent ainsi toute opposition future. Le domaine politique regorge d’exemples et notre société en est un bien criant.
Notre collectif essaie d’avoir une approche holistique et philosophique du Produit, (et nous en faisons aussi, pour de vrai). Vous nous avez probablement rencontrés, nous avons peut-être même travaillé ensemble, et cela deviendra plus probable d’autant que nos rangs s’élargissent.
Avant de vous donner rendez-vous pour une prochaine tirade sur la data, nous vous invitons à réfléchir à ceci :
Extrait de 1984 :
“Le ministère de la Paix s’occupe de la guerre, celui de la Vérité, des mensonges, celui de l’Amour, de la torture, celui de l’Abondance, de la famine.”
Un “rebranding” sans aucune évolution de la fonction…
Maintenant un jeu : sauriez-vous dire où sont passés tous ces mots : MOA, AMOA, MOE, AMOE, Projet, Responsable d’équipe, General manager…
“Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien” disait Socrate tandis que Dalida chantait impassible : “Encore des mots, toujours des mots, les mêmes mots … rien que des mots… des mots magiques, des mots tactiques, qui sonnent faux… oui tellement faux!”
Cyniquement vôtre,
Bullshit My Product
